L’accès à la nourriture est la plus scandaleuse des inégalités, entretenue par les affairistes. La ligne ultralibérale et business de la foire de Libramont oublie l’agriculture paysanne. Quelques gobelets compostables ou fournisseurs bio masquent mal cette duperie.
Alors que la Foire agricole de Libramont s’apprête à ouvrir à nouveau ses portes, nous lançons un cri d’alarme, relayé par l’ACRF et vingt-trois associations préoccupées par l’édition 2010 de cet événement marquant.
Parmi les inégalités criantes qui divisent le monde et alimentent aujourd’hui une série de conflits, la plus scandaleuse concerne, sans aucun doute, l’accès à la nourriture. Selon la FAO, plus d’un milliard d’êtres humains souffrent de la faim, et ce nombre ne fait que croître, provoquant à la fois des famines, des migrations forcées, des actes de piraterie, des émeutes de la faim et autres situations extrêmes. La malnutrition et les conséquences qui en découlent font aujourd’hui plus de victimes que les conflits armés.
Les affairistes et spéculateurs de l’agroalimentaire n’en poursuivent pas moins leur politique de « profit à tout prix ». Parmi leurs victimes se trouve aussi un grand nombre d’agriculteurs luttant désespérément pour leur survie, voire éliminés purement et simplement, alors qu’ils assuraient jusqu’ici la subsistance de leurs familles et de leur communauté de vie. Et cela aussi bien dans le nord que dans le sud de la planète.
Le mythe selon lequel l’agriculture industrielle serait l’agriculture de demain, c’est-à-dire la seule forme de production capable d’assurer l’alimentation de plus de six milliards d’êtres humains, a la vie dure.
Un mythe que la Foire agricole de Libramont entretient depuis des années en privilégiant, les grandes entreprises et industries de l’agro-alimentaire parmi ses 700 exposants. Un mythe qui a sévi dans les orientations politiques depuis le début de la Politique agricole commune et qui s’est continuellement renforcé par ses réformes successives pour rendre l’agriculture européenne compétitive au détriment de l’agriculture familiale et de l’environnement. Même constat pour ce qui est de la promotion des agrocarburants qui, pour satisfaire notre fringale de ressources énergétiques (plus « vertes » paraît-il), soustrait à la production alimentaire de vastes terres agricoles, surtout dans les pays du Sud.
Une récente « Déclaration alimentaire européenne » vient à point. Ce n’est évidemment pas le progrès technique en tant que tel que nous contestons, mais son exploitation à des fins purement mercantiles. Des alternatives sérieuses au productivisme industriel existent pourtant. Elles sont rappelées notamment dans la récente « Déclaration alimentaire européenne » « en faveur d’une politique agricole commune saine, durable et équitable« .
C’est pourquoi, nous demandons aux organisateurs de la Foire agricole et aux responsables politiques qui la cautionnent de réorienter la ligne ultralibérale et business à tout crin de la Foire en faveur de l’agriculture paysanne et de favoriser les lieux de débat et de rencontres constructives avec les agriculteurs et les citoyens.