Quelle femme choisir pour évoquer le « binôme » : littérature et résistance ? Et pourquoi pas Shéhérazade, personnage de fiction, peut-être, mais qui produit des récits bien réels. C’est une femme qui résiste et qui veut survivre, elle raconte des histoires pour y parvenir. De Schéhérazade à la littérature « d’aujourd’hui » en passant par la littérature engagée, l’ACRF – Femmes en milieu rural s’est posé la question : comment la littérature a-t-elle fait et fait toujours résistance ?
Petit rappel des faits « littéraires » : le sultan de Perse, Chahriar, alors qu’il revient d’un voyage auprès d’un autre roi, découvre que sa femme l’a trompé. Fou de rage, il l’égorge et décide dorénavant de tuer chaque femme avec qui il se mariera, le lendemain de la noce. Shéhérazade, fille aînée du grand vizir, décide de mettre un terme à ce massacre ; elle accepte de s’unir à Chahriar et le soir de ses noces, elle raconte à son époux un conte qu’elle ne termine pas. Le roi, désireux de connaître la fin du conte, laisse la vie sauve à Shéhérazade jusqu’à la nuit suivante. Et durant mille et une nuits, Shéhérazade continuera à raconter à son époux des contes qui lui sauveront la vie. Gagné par l’imagination de l’épouse rusée, il l’épargnera pour couler avec elle le doux amour mérité. L’imagination de la conteuse a reconfiguré le réel.
Schéhérazade est donc une artisane du suspense sériel. Elle sauve sa vie et celle des vierges de la cité en tissant fable sur fable pour apaiser la jalousie vindicative de son sultan d’époux. Elle le subjugue par la fiction. Ce n’est pas qu’un artifice pour raconter des histoires, non c’est une femme qui résiste et qui veut survivre. Elle résiste par son verbe… elle raconte. C’est en effet, par la parole, son imagination, son éloquence et son savoir, qu’elle arrive au bout de mille et une nuits à guérir le sultan de sa folie et à mettre fin à l’anéantissement des femmes.
Shéhérazade n’a jamais existé, pourtant elle est une inspiration majeure, une icône féminine : l’histoire de Schéhérazade est le refus de mourir. Elle se bat grâce à des armes précieuses, ses talents de narratrice et une richesse immense de poésie, d’inventivité et d’imagination. Elle puise son inspiration dans sa mémoire, dans sa culture et dans les livres qu’elle a lus puis « mixe » le tout pour construire des histoires multiformes, des fables animalières, des contes fantastiques moraux et psychologiques.
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