En juin, l’ACRF et les associations questionnent à nouveau sur le problème des producteurs laitiers. Les ONG belges et de nombreuses organisations paysannes d’Afrique s’étaient mobilisées pour soutenir les revendications légitimes des producteurs laitiers engagés dans la grève du lait. Défendre un prix juste et rémunérateur pour les productions des paysans du Nord, comme pour les agriculteurs et paysans du Sud, était et est toujours une demande légitime et fondée, vu la dégringolade des revenus de la production du lait.
Mais les ONG s’étaient également mobilisées parce qu’à la source de la crise du lait, crise dont nous ne sommes toujours pas sortis, il y a avait cette volonté manifestée de la Commission Européenne de déréguler davantage le marché laitier, à travers une augmentation progressive des quotas. Cette augmentation de la production – qui ne peut être écoulée sur le marché interne, étant donné que l’Union est déjà dans une situation de surproduction structurelle – ne réglera pas le problème de prix rémunérateurs et stables. Les prix de cette production excédentaire ne permettent pas de couvrir les coûts de production d’un grand nombre de producteurs européens. Pourtant, elle est exportée, récemment encore à l’aide de subsides à l’exportation. Ces exportations en dessous des coûts de production ont renforcé les inextricables problèmes auxquels font face les producteurs laitiers des pays du Sud pour développer leurs propres filières laitières et vendre leur lait sur les marchés locaux.
Les propositions du groupe de haut niveau mis en place par Marianne Fisher Boel ne répondent pas à ce problème de prix rémunérateurs et négligent le volet central de nos revendications qui est de réguler les volumes de production pour les ajuster à la demande réelle. Les ONG s’opposent à exporter les conséquences de la dérégulation des marchés laitiers, rappelant les effets désastreux sur les pays du Sud. Quel sens cela a-t-il de soutenir les efforts des organisations paysannes des pays du sud à développer leurs productions locales, via l’aide au développement, alors qu’elle est mise à mal par une politique agricole qui mène à produire des excédants ?