La construction du parc carcéral de la Belgique n’a originellement fait l’objet d’aucun débat politique ni quant aux méthodes d’enfermement, ni quant au rôle général de la prison. Près de deux siècles plus tard, on rénove et construit toujours les prisons, sans que non plus le politique ne se saisisse des questions fondamentales. Petit retour sur un (éternel ?) point aveugle du champ de la décision politique…
La peine de prison n’existait pas sous l’Ancien Régime (royal et absolutiste). On recourait à l’enfermement lors d’une enquête judiciaire, dans l’attente d’un procès ou d’une sentence ou pour divers autres motifs plus ou moins arbitraires. Sous Louis XVI, par exemple, les gens de lettres, écartés pour des délits d’opinion, représentaient 22 % des prisonniers de la Bastille. A la fin du XVIIIe siècle, le statut des lieux d’enfermement est donc fort incertain et les descriptions dont on dispose sont assez apocalyptiques : « Les prisonniers arrivent rongés de vermine, dans l’état de la plus révoltante nudité… ceux-ci sont si débiles et si malades qu’on est obligé de les porter du chariot dans l’hôpital… quelquefois même ils meurent en route ou une demi-heure après être entrés en prison…».
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