Dans son film « Le temps long », la réalisatrice Lou Colpé raconte les 8 dernières années de la vie de ses grands-parents. Cette expérience personnelle l’a amené à réfléchir à la prise en charge des personnes âgées. Elle considère que dans la plupart des structures d’accueil actuelles, les personnes âgées sont infantilisées et sont ignorées, reléguées dans leur chambre, ou surprotégées et privées de sortie. Face à ce constat elle a décidé de résister, tout d’abord en accueillant chez elle une personne âgée, faisant de sa maison un logement intergénérationnel et ensuite en réalisant des ateliers créatifs dans les maisons de repos et en s’intéressant à des maisons de repos qui fonctionnent différemment.

L’ACRF – Femmes en milieu rural propose et développe des actions, réflexions, projets, activités de groupes qui traitent de sujets parallèles à cette problématique : les Lundis Bavard’âges sont des moments d’échange, de réflexion et de convivialité sur la vie des aînés, le groupe des Babyboomeuses, quant à lui, s’intéresse au « Bien vieillir », et enfin la commission Génér’action traite de l’autonomie et la dépendance des aînés. L’ACRF avait donc toutes les raisons de s’intéresser à la question des alternatives aux « homes dortoirs », celles qui existent déjà et celles à développer.

Le constat : ces lieux où les vieux (sur)vivent…

Notre société n’est pas bienveillante vis-à-vis des personnes très âgées, elles sont mises de côté, oubliées, malmenées. Les récents scandales (ORPEA) liés aux maisons de repos en France et en Belgique en sont une des preuves. Michel Billé, sociologue français, fait le même type de constat : les discours tenus sur la vieillesse sont tels que nous en arrivons à la considérer comme quelque chose de douloureux, comme une épreuve. A propos du fonctionnement des maisons de repos, il constate aussi : Purée, viande mixée, compote, ce menu fait partie du quotidien de nombreux résidents en maison de repos. Parce qu’ils ne peuvent plus mâcher ni avaler correctement, le plaisir gustatif laisse place à leur sécurité, celle de ne pas s’étouffer. L’atteinte cognitive et motrice peut amener l’entourage à faire des choix infantilisants, bien que parfois inévitables. Mais cette infantilisation a des conséquences sur la santé des personnes âgées et affaiblit l’estime de soi. En 1970, Simone de Beauvoir publie déjà un essai intitulé « La Vieillesse ». La célèbre philosophe, qui est également, à l’époque, l’une des écrivaines les plus lues au monde, s’attaque dans cet ouvrage à la société de consommation qui traite ses vieillards en parias, les condamnant à la misère, à la solitude, au désespoir. Tout le monde le sait, écrivait-elle à l’époque : la condition des vieilles gens est aujourd’hui scandaleuse. Un livre malheureusement toujours d’actualité cinquante ans plus tard