Pourquoi cette question ? L’utilisation de la rue est-elle sexiste ? Il est où le problème ? Un espace… c’est vide, c’est neutre, non-genré… et bien NON ! Nos rues et nos places sont conçues par et pour les hommes. Elles portent aussi le plus souvent les noms d’hommes célèbres. Il y a vraiment un problème voire même plusieurs … Ils concernent la mobilité, l’occupation de la rue et des places, la présence réelle ou symbolique des femmes, le harcèlement… Quelle est la place des femmes dans l’espace public ? Comment s’y sentent-elles ? Et surtout, comment faire pour qu’elles s’y sentent mieux ?
En effet, de nombreuses études récentes montrent que les hommes sont les usagers majoritaires de l’espace public, y compris des équipements sportifs et de loisirs. Beaucoup de femmes demandent simplement à pouvoir accéder à des lieux sans crainte du jugement ou de la potentielle agression, de pouvoir être citoyenne, de pouvoir disposer de leur corps dans l’espace public, ce sont des enjeux du quotidien pour de nombreuses femmes.
Depuis une dizaine d’années déjà, des groupes politiques, des femmes revendiquent en Belgique, en Europe et aussi dans d’autres pays une meilleure prise en compte des femmes dans l’aménagement et l’usage de l’espace public[1]. Il y a quelques années, des mesures « anti-harcèlement de rue » ont été prises dans les lois et règlements, l’ACRF-Femmes en milieu rural avait d’ailleurs, dans l’analyse Politiques anti-harcèlement et culpabilisation[2], souligné que ces textes devaient surtout être accompagnés d’un changement des mentalités. Où en est-on aujourd’hui ? Cette problématique a principalement été abordée en milieu urbain, surtout dans des grandes villes : Bruxelles, Paris, Vienne, Bordeaux, … Le travail des sociologues, urbanistes et des associations féministes a permis d’élargir la problématique, d’aller au-delà du problème d’insécurité et de harcèlement : la cohésion sociale, la place culturelle et symbolique des femmes sont aussi devenus des enjeux.
Aujourd’hui les questions sont : comment rendre l’espace public inclusif, faire en sorte que chaque personne s’y sente à sa place et en sécurité ? Sur quels axes travailler pour que cet espace public puisse être le lieu de toutes les activités : loisirs, vie sociale, travail, culture ? Et, en milieu rural y-a-t-il aussi un combat à mener ? Si l’on veut que nos rues cessent de n’être que des lieux de transit, elles doivent se repenser autour des besoins des femmes, des hommes, des personnes âgées et des enfants qui les occupent. Il faut éviter à tout prix qu’elles soient le lieu où se reproduisent les inégalités.
L’espace public et ses rôles
Par « espace public », on entend en général la rue, les parcs, les transports collectifs. En réalité, cela commence dès que l’on sort de chez soi : l’espace public comprend les cafés, le cinéma, la piscine, les salles d’attente… Dans un village, la place de l’église ne constitue pas, bien sûr, le seul espace public : une rue, une ruelle, une placette, un chemin de halage, une plaine de jeux, un parc, un jardin en font partie, pourvu qu’ils soient en plein air et ouverts au public gratuitement.
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