Qu’est-ce que le travail ? Comment le définissons nous ? Pourquoi et pour qui travaillons nous ? Peut-on envisager demain de vivre en travaillant très peu voire pas du tout ? Dans notre société contemporaine, le « travail » est omniprésent, il a une place centrale dans notre société. Mais il questionne plus que jamais.
Qu’on se plaise ou non à exercer un métier, qu’on aime ou non s’activer à diverses affaires, le travail apparaît, intrinsèquement, comme une contrainte. Pour la simple et bonne raison qu’on ne s’y soumet pas toujours volontiers, mais qu’on y a d’abord été poussé par la nécessité. L’étymologie latine du terme (tripalium) atteste de la pénibilité et de la servitude qu’on lui associe. Le mot désigne en effet un appareil à trois pieds destiné à maintenir fermement attachés les chevaux pendant qu’on les ferrait, et a par la suite servi à attacher les hommes qu’on torturait… Bref, comme un souvenir lointain de cette origine, on a tendance à opposer le travail au jeu, comme la souffrance au plaisir.
Le travail, au fil du temps, a acquis trois significations différentes : l’activité, l’ouvrage et l’emploi. C’est un concept qui ne connait pas de stabilisation de signification. On voit que la qualification d’une activité comme du « travail » est une question de point de vue, par exemple : quand un prêtre célèbre l’office, travaille-t-il ? D’un point de vue oui puisqu’il est rémunéré pour le faire et d’un autre non parce que célébrer la messe est un acte de foi dont la motivation est autre que le salaire.
Sans-emploi n’égale pas inactif
La notion de « travail » est donc marquée par une intrinsèque polysémie et une ambivalence, particulièrement lorsqu’il s’agit de comprendre son rôle, à la fois positif et négatif, en matière d’épanouissement individuel et collectif. Une partie de la controverse vient sans doute de la confusion qu’entretient le terme « travail » entre emploi et activité. C’est une vieille litanie : les sans-emploi sont supposés être inactifs et oisifs. Or, la distinction des deux termes apparaît indispensable. L’activité, au sens de la possibilité de dédier une partie de son temps de vie à des réalisations jugées socialement utiles, est indispensable à l’épanouissement humain. Ce besoin de pouvoir être utile, de « faire quelque chose de sa journée et de ses dix doigts » alimente la quête de sens de chaque individu et le conduit à structurer et à chercher à faire bon usage de son temps de vie disponible. Une chose est sûre : se sentir utile conduit à se sentir légitime, reconnu et à « faire société ». Y renoncer, ne pas s’en sentir capable, se percevoir ou être perçu comme inutile, détruit l’estime de soi et nourrit toutes les formes de dépression
Pour télécharger l’analyse, cliquez sur le lien ci-dessous
https://acrf.be/wp-content/uploads/2023/04/arcfana_2023_04_travail_MM.pdf