Du 7 au 9 novembre 2018, s’ouvrira ce qui est déjà connu comme le » procès de la solidarité « . Des migrants et des hébergeurs sont accusés de trafic d’êtres humains et de participation à une organisation criminelle. Un amalgame inacceptable qui criminalise les tentatives de venir en aide à des personnes migrantes et dénonce les associations de soutien aux réfugiés. Or, selon elles, c’est bien l’absence de voies de passage sûres et légales et de structures d’hébergement pérennes qui sont un crime et poussent chaque jour ces personnes dans une extrême précarité. Un amalgame qui annonce la tenue d’un procès avant tout politique ?
Cinq à dix ans de prison et 38.000 € d’amende. C’est ce que risque Myriam Berghe, journaliste littéraire pour Femmes d’Aujourd’hui, dans le procès qui se tiendra du 7 au 9 novembre au Palais de Justice de Bruxelles. Ce qui lui est reproché : » Trafic d’êtres humains et participation à une organisation criminelle « . » J’ai simplement hébergé des gamins à peine majeurs, chassés de partout, broyés par une politique migratoire ignoble, qui se débrouillent pour gagner de quoi survivre et financer leur propre passage en Angleterre « , se défend l’accusée. iiDepuis le démantèlement de la Jungle de Calais, pas moins de 55 migrant·e·s sont passé·e·s dans son appartement bruxellois. Dans la nuit du 19 au 20 octobre 2017, sur une aire d’autoroute flamande, la police arrête des passeurs faisant monter des gens à l’arrière de camions à destination de l’Angleterre, cet eldorado (ce mirage ?) pour tant de migrant·e·s » de transit » qui ne font que passer en Belgique. L’un d’eux avait dormi chez la journaliste où il avait atterri » après avoir été agressé dans son sommeil à coups de barre de fer à la Gare du Nord de Bruxelles, ce qui lui avait valu 27 points de suture sur le crâne « , explique-t-elle.
En 2015, Myriam Berghe s’est rendue dans la Jungle de Calais pour un reportage et une distribution de vêtements. Un choc terrible. Elle y est retournée pour rencontrer des gens sur place, qui sont devenus des amis, dont Hassan (co-inculpé au procès). Parfois, elle apprenait la mort de l’un d’eux pendant la traversée, certains étaient blessés ou gravement malades. À la fin, elle était hébergée chez eux, elle avait sa cabane dans la Jungle. Les réfugiés ses amis lui chauffaient de l’eau pour sa douche alors qu’eux la prenaient froide. Quand la Jungle a été démantelée et qu’ils sont arrivés à Bruxelles, elle aurait dû leur dire : » Non, on était amis dans la Jungle, mais là, vous êtes chez moi, je reste dans mon petit confort… » Non ! C’était normal de les accueillir. La question ne s’est même pas posée. C’était des gens connus, des amis…
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