Mesdames, Messieurs les Parlementaires,
Mesdames, Messieurs les Ministres,
L’ACRF-Femmes en milieu rural, mouvement d’éducation permanente, est en fin de campagne 2016. Cette dernière a permis de sonder un échantillon de la population belge francophone sur la question du réchauffement climatique et les solutions à apporter au niveau individuel, collectif ou politique.
Notre courrier a pour objectif de vous faire un retour des préoccupations des personnes sondées.  Pour la plupart, le réchauffement climatique constitue un énorme  et inévitable défi à relever par notre société et cela, sans plus attendre.
Nos concitoyens sont conscients qu’il existe 1001 actes à poser au quotidien par eux-mêmes, par des initiatives collectives et bien sûr, par les mandataires politiques aussi.
L’industrie, la gestion des déchets, l’agriculture, les transports, l’énergie, les forêts, le bâtiment, tous ces secteurs d’activités les plus émetteurs de gaz à effet de serre sont aux mains des politiques qui autorisent, interdisent, délimitent, incitent les pratiques dans ces domaines.
Tous ensemble, nous devons relever le défi posé par l’élévation des températures. Heureusement, la transition vers une économie bas carbone nous offre quantités d’opportunités en termes d’emplois, de mises en commun, de solidarité et de justice.
Au cours de cette année, nous avons donc interpellé le citoyen francophone pour savoir ce qu’il attend du politique dans six grand domaines : alimentation, culture, logement, économie, mobilité, vivre ensemble. En substance, voici les mesures nécessaires que les citoyens interrogés envisagent majoritairement :
• Favoriser la Mobilité durable: de nombreux citoyens sont prêts à laisser leur voiture de côté pour opter pour des moyens de transports durables, mais encore faut-il leur donner les moyens matériels de le faire : des transports en commun efficaces, des pistes cyclables, des trottoirs pour marcher en sécurité.  Relocaliser les commerces et les divers services afin de réduire le nombre de déplacements nécessaires des personnes est régulièrement cité comme une option incontournable.
•Dé-carboniser les énergies : la société du pétrole touche à sa fin. Les énergies renouvelables sont sous-utilisées. Le citoyen est prêt à emboiter le pas des technologies modernes, mais elles continuent d’être sous-subsidiées. La performance énergétique des bâtiments publics est également pointée du doigt.
•Promouvoir le développement durable dans toutes ses dimensions. Dès le plus jeune âge et bien sûr à l’école, il faut apprendre aux enfants le respect de leur environnement et des ressources naturelles tout autant que d’autres matières. Il s’avère également nécessaire auprès des jeunes de développer l’esprit critique et l’analyse critique des médias. Parmi nos répondants, nombreux sont ceux qui réclament  l’accès à ces enseignements via l’éducation permanente, notamment. Des politiques culturelles devraient être menées pour permettre à chacun d’appréhender les enjeux de société et disposer d’analyses de fond indépendantes de l’actualité.
•Favoriser l’agriculture paysanne durable. Elle doit être, pour nos répondants, raisonnée, locale et de petite taille, seul modèle capable de  nourrir tout le monde, y compris les producteurs, avec des produits sains et traditionnels qui respectent le sol, les rivières et les semences, entre autres.  Autre piste proposée : soutenir les initiatives qui permettent aux citoyens de se réapproprier leur alimentation et de comprendre les cycles de vie : potager, compost, reproduction  et échange de graines, …
•Reconstruire et consolider le vivre ensemble. L’individualisme est montré du doigt par de nombreux participants qui sont heureux de voir fleurir des projets collectifs dans tous les coins de la Fédération Wallonie-Bruxelles : repair-café, SEL, groupements d’achats, donneries, jardins partagés, monnaies locales. Ce sont des lieux où les questions sociales, économiques et écologiques se rencontrent pour répondre aux vrais problèmes des gens. Ces initiatives doivent être soutenues et encouragées par les pouvoirs  publics.
Par ailleurs,  de nombreux Wallons et Bruxellois s’interrogent  sur la bonne gouvernance et la démocratie. Ils réclament très clairement :
• plus de transparence notamment dans les négociations européennes (TTIP, CETA, les traités en général) ;
• plus d’attention et d’intérêt  pour le bien commun et les générations futures ;
• une indépendance pleine et entière des politiques vis-à-vis des lobbies ;
• une plus grande intégrité et probité dans le chef des personnes qui gèrent les deniers de l’état, votent des lois et entretiennent les infrastructures publiques, notamment ;
• une proactivité dans les négociations internationales autour des questions planétaires comme le respect des engagements signés dans les grandes conférences,  telle que la COP21. La COP 22 vient de se clôturer sur le constat qu’il faut retrousser ses manches de manière vigoureuse si on veut atteindre les objectifs de Paris. Nous espérons que la Belgique sera parmi les chefs de file sur la scène internationale. Sur le plan national, il s’agit maintenant pour les Régions et l’Etat fédéral de définir un plan national intégré climat-énergie à l’horizon 2030 et de construire une vision commune à long terme et intégrant explicitement la transition. Ce plan national devra être remis à l’Union européenne d’ici début 2018. Faut-il craindre pour ce dossier quand on sait combien le dialogue peut être parfois difficile entre les ministres belges compétents ? Espérons que la complexité de nos institutions ne serve pas d’alibi à l’immobilisme.
• un soutien public fort à la société civile qui réfléchit, invente et réalise des projets  novateurs et qui, en plus d’apporter des solutions aux problèmes concrets, modifie la paradigme capitaliste.
Nous vous saurions gré de répondre à notre courrier afin d’exposer les initiatives tangibles que vous entreprendrez pendant cette législature pour aller dans ce sens. De nombreux citoyennes et citoyens dont nous relayons les espoirs attendent vos réponses et réactions.
Muriel Lescure, Chargée des campagnes de sensibilisation,
Daisy Herman, Secrétaire Générale de l’ACRF-Femmes en milieu rural.