Comment appréhender la vieillesse quand on est une femme ? Quels modèles « de vieilles » nous sont-ils proposés ? Quel est notre avenir après la ménopause ? Serons-nous encore féminines ? Peut-on parler de féminité et de sexualité affublées de cheveux gris et parcheminées de rides ? Peut-on être vieille et féministe ? Ces questions ont été longtemps retenues et tues, depuis quelques années seulement, elles sont abordées par des sociologues, des journalistes. Toute femme devrait pouvoir y trouver des réponses, c’est pourquoi l’ACRF-Femmes en milieu rural a tenté de décrypter le problème de la rencontre entre l’âgisme et le sexisme.

Leur regard glisse sur moi. Vieillir, c’est ça : enfiler la cape d’invisibilité d’Harry Potter. Disparaître. Passer de l’autre côté du miroir… Marie Charrel, l’autrice de « Qui a peur des vieilles ? » cite Sam, une amie de 61 ans, pour entamer cet essai qui ne porte pas sur la vieillesse, ni sur le fait vieillir mais bien sur le regard que la société porte sur les « vieilles », les femmes de plus de 50 ans.

Qui a peur des vieilles ? C’est une question provocatrice et pourtant d’une grande actualité, parce que oui, les vieilles font peur, plus encore que les vieux. Pourquoi ? Comment expliquer ce dégoût collectif des femmes âgées. L’autrice utilise le mot « vieilles » sciemment pour montrer à quel point notre vocabulaire est hypocrite. Le mot « vieilles » est quasi une insulte et reflète le tabou constant autour de la question. Nous le contournons en le remplaçant par des expressions plus « douces » : femmes mûres, matures, d’expérience… ces subterfuges n’empêchent pas la mise en retrait et l’invisibilisation des femmes vieillissantes. La violence est bien là.

A 50 ans… plus d’avenir ?

Quels modèles de femmes la société propose-t-elle ? Des femmes jeunes, partout et tout le temps : dans la pub, dans les fictions, les séries, à la télé, au ciné. A partir de l’âge de 40 ans les femmes doivent se projeter en arrière. Mais on ne peut pas prendre pour modèle des femmes de 20 ans. On aimerait simplement, dans la vie quotidienne, être confrontée à des images vers lesquelles se projeter. Quel est l’avenir des femmes de plus de 40 ans ? La société n’en propose pas. Hormis une invisibilité croissante. Les femmes ne vieillissent pas, elles disparaissent, elles vont non-exister. Comment apprivoiser le vieillissement si mon corps à venir n’existe nulle part ?

La société porte un regard méprisant sur le corps vieillissant ; davantage encore sur celui des femmes. Passée la ménopause, leur féminité et leur sexualité semblent moins légitimes. Ainsi, en avril 2016, en Suisse, une octogénaire a demandé — et obtenu — une aide au suicide car, « très coquette » selon son médecin, elle ne supportait pas de vieillir, un signe du stigmate particulier attaché à l’avancée en âge chez les femmes.

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