En milieu rural, la mobilité est une problématique sans fin. Depuis plusieurs décennies maintenant, la population rurale rencontre de nombreux problèmes liés aux déplacements : manque de transports publics, sécurité routière incertaine, infrastructures défaillantes, dangerosité de la circulation routière, prix des carburants, maintenant s’ajoutent la décarbonation des transports et l’avènement de la voiture électrique. Et si cet « amas » de problèmes était surtout lié au « tout automobile » ? Le président de la République française, Emmanuel Macron, a tenu dernièrement un discours racoleur en avouant « adorer la bagnole ». Ces propos ne sont pas advenus par hasard. Fruit d’une évolution sociétale et technologique le « tout automobile » a pris une telle place dans notre société qu’y toucher relève presque d’un crime de « lèse-majesté ». L’ACRF-Femmes en milieu rural s’est demandé comment est advenu ce mythe de la voiture partout et tout le temps et surtout est-il possible d’en sortir et ce particulièrement en milieu rural ?
Sur le plan de l’intérêt individuel, la voiture est un objet fantastique qui n’a pas d’égal. Elle fonctionne 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, 365 jours par an, ne fait pas grève et permet d’aller quasiment n’importe où tant le réseau routier est dense (Ma voiture, ma liberté). C’est à tel point fantastique que la voiture a pris un rôle prépondérant dans nos pratiques de mobilité (tant « physiquement » que dans l’imaginaire collectif). Aujourd’hui plus que jamais, il faut questionner ce rôle. Car si la voiture individuelle fait gagner du temps et rend de nombreux services, faut-il s’accommoder partout et en permanence de ses nuisances ? Accidents, pollution de l’air, de l’eau, des sols, contribution à l’effet de serre, bruit, congestion, destruction des paysages et de la biodiversité… : la spirale de la dépendance automobile se traduit pourtant en « coûts externes » colossaux, évalués à 820 milliards d’euros par an dans l’Union européenne soit 5,5 % du produit intérieur brut (PIB).
Tout automobile : comment ?
Pourquoi ?
La voiture en série est née avec le XXème siècle, au début de son histoire c’est un privilège de riches. À partir des années 1950, l’automobile devient accessible pour une proportion croissante de ménages. D’ailleurs, les années 1950-1975 ont connu un essor très rapide de l’automobile en Europe (au rythme moyen de +10 % par an), porté par une population enthousiaste à l’idée d’accéder à cette « mobilité facilitée » ouvrant de nouveaux horizons. Au cours des années 1960, des voix commencent pourtant à s’élever pour rappeler qu’une partie de la population, estimée à environ 30 %, ne pourra jamais accéder à la voiture, à cause de handicaps ou de faibles revenus et d’en appeler à réhabiliter les transports publics alors en déshérence.
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