Qu’est-ce que la solastalgie, qu’est-ce que l’éco-anxiété ? Quelle est la différence entre ces deux notions ?
S’il vous est déjà arrivé d’avoir du mal à vous endormir en pensant qu’il y aura en 2050 plus de plastique que de poissons dans les océans, c’est que vous souffrez peut-être de solastalgie. Ce concept a été développé entre 2003 et 2007 par Glenn Albrecht – philosophe de l’environnement et ancien professeur à l’Université de Murdoch en Australie. La solastalgie fait référence à la souffrance psychique qu’un individu peut ressentir face à la destruction lente mais chronique des éléments familiers de son environnement. Le terme vient de l’anglais solace qui signifie réconfort et d’algie qui signifie douleur. Le philosophe français Baptiste Morizot décrit quant à lui cette expérience comme un « mal du pays sans exil », une forme de « nostalgie d’un foyer pourtant bien présent, mais qui fuit sous les pieds, sans qu’on l’ait quitté un instant ». La solastalgie est polymorphe : elle peut prendre de nombreuses formes cliniques (de l’insomnie à l’angoisse, voire à la dépression) et avoir des origines variées selon les sujets qui touchent les individus. La solastalgie affecte les individus conscients qu’il n’y a pas de planète B. Cette absence d’alternative peut se traduire par une souffrance morale, qui ressemble à s’y méprendre à la nostalgie ou à la mélancolie qu’un individu ressent en quittant le foyer aimé.
L’éco-anxiété est un concept plus ancien. Il a émergé, dans les années 90. C’est la journaliste Lisa Leff qui l’a utilisé pour la première fois, dans un article de journal où elle évoquait l’inquiétude relative à la pollution, dans la baie de Chesapeake. L’éco-anxiété peut être définie comme une forme de stress pré-traumatique. Il s’agit d’une souffrance prospective, déclenchée par une projection vers l’avenir et en lien avec la prise de conscience écologique. Ce qui est nouveau dans cette forme d’anxiété, ce n’est pas le ressenti en lui-même, mais c’est la cause qui la génère. C’est une forme de « mélancolie du futur », dans laquelle se retrouve la dimension prospective. Ce vague à l’âme est associé à une vision très pessimiste de l’existence. Elle provient d’un ressenti d’impuissance face à un avenir de plus en plus incertain et que nous ne pouvons maîtriser.
Ce qui distingue ces deux termes qui sont souvent employés de manière similaire, c’est la temporalité de l’expérience qui est faite par l’individu, plus que les manifestations de la détresse psychique. En cas d’éco-anxiété c’est la projection vers l’avenir qui génère la souffrance alors que la solastalgie provient d’une expérience directe de désolation et de perte faite dans un environnement.
La détresse est prospective pour l’éco-anxiété, elle est rétrospective pour la solastalgie.
Une prise de conscience pas une maladie L’éco-anxiété n’est pas reconnue pas l’Organisation Mondiale de la Santé comme trouble psychologique. Même si les symptômes psychologiques sont réels, l’éco-anxiété ou la solastalgie ne relèvent pas du trouble mental ou d’une maladie.
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