Sortir de l’abattement et de l’amertume pour avancer.
Toute analyse, toute étude commence toujours par une émotion, un affect qui revient, sous une forme ou sous une autre, à l’ACRF. À qui il appartient de s’en saisir pour le problématiser, pour commencer d’en éclairer les tenants et aboutissants et enfin pour ouvrir des pistes – pour au moins tenter de transformer les affects tristes en affects positifs… Sortir de l’abattement et de l’amertume pour avancer.
Bon an mal an, ce sont environ 1.500 de nos enfants – pour une très large majorité des garçons – qui passent par la case  » IPPJ « , par les Institutions Publiques de Protection de la Jeunesse. Ce qui ne manque pas d’infliger une quantité de souffrance impressionnante, tant pour les enfants que pour leurs proches : les affects tristes…
Dans un premier temps, pour saisir correctement de quoi il est ici question, il nous a semblé utile de dresser un tableau général de l’institution judiciaire belge, afin d’y distinguer la place spécifique du  » Tribunal de la Jeunesse « . La justice que l’on rend aux personnes majeures diffère en effet de celle des mineurs – sauf exceptions, dont cette étude discute, du reste.
Au fondement de cette différence de traitement l’on trouve  » la présomption d’absence de discernement  » qui permet aux jeunes de n’être point soumis à la justice pénale classique. Une  » présomption  » est une fiction juridique – elle n’a rien à voir avec la  » vérité  » – qui défend une valeur fondamentale : les enfants ou les mineurs ne sont pas des adultes miniatures, il convient donc de les protéger – d’eux-mêmes, de leur entourage, etc.
Seulement voilà : c’est à la société qu’il revient d’endosser cette tâche protectrice et naît immédiatement un dilemme. Certes, il faut protéger les mineurs mais la société ne doit-elle pas de se protéger d’eux dans le même temps ? De ces deux impératifs, pour une large part inconciliables, naît une tension qui irrigue toute l’histoire des lois relatives aux mineurs. Et la balance de la justice, dont l’équilibre est bien plus précaire qu’on ne veut bien le dire (et qu’on ne le représente), penche tantôt d’un côté, tantôt de l’autre…
Or, l’époque, que l’on peut qualifier de néolibérale si l’on entend par là autant les dispositions économiques que leurs soubassements idéologiques et l’organisation profondément inégalitaire de la société qui y est liée, l’époque, donc, est à la répression – pudiquement qualifiée de  » protection de la société  » et les jeunes soupçonnés d’avoir commis un  » fait qualifié infraction  » – puisque telle est l’appellation canonique – en paient le prix. Eux aussi.
Mais l’ensemble des conventions internationales interdisent l’emprisonnement des mineurs. Les IPPJ sont dès lors des instituts supposés être de protection. Un examen un peu approfondi des conditions d' » hébergement  » démontre cependant que la nature de cet univers est profondément carcérale. Ce qui contraint le législateur – et notamment le dernier en vigueur, dit  » Code Madrane « , à d’étranges contorsions langagières donnant à faire accroire que l’enfermement protège les jeunes et qu’il répond ainsi aux normes internationales… tout en les soumettant à des pratiques d’ordre pénitentiaire.
Comment, pourquoi une société en arrive-t-elle à enfermer ses enfants, nos enfants ? Et comment en sortir : comment les libérer ? Comment retrouver une façon pour nous toutes et tous de redevenir humain.e.s ? Autrement dit : comment retrouver des affects positifs qui nous remettraient en mouvement ?
Cette étude est dédicacée à tous les enfants enfermés, à tous les emprisonnés, et à leurs proches…

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