Nous les participants à la 16e rencontre mondiale de la FIMARC, venant de 30 pays de par le monde, nous sommes réunis à Chiang Mai (Thaïlande) du 26 septembre au 04 octobre 2023. Le thème général retenu pour cette conférence mondiale et qui sera l’objet de nos travaux pour les 4 prochaines années est « la transformation du système agricole alimentaire et économique et la conversion écologique à la lumière de Laudato Si » qui nous invite à une véritable conversion du système alimentaire mondial.
L’objectif affirmé de la FIMARC est d’en finir avec les mécanismes injustes de domination et d’exploitation des ruraux et des personnes précarisées. Les crises globales de l’alimentation, de l’énergie, du climat et la crise Covid nous amènent aujourd’hui encore et toujours à nous mobiliser pour plus de justice et de solidarité.
Si des multinationales accaparent aujourd’hui des terres agricoles et réalisent des profits en plus en plus importants en agro-alimentaire, nous rappelons que la plupart de notre alimentation est produite par des petits paysans et des travailleurs agricoles, hommes et femmes du milieu rural. Ces familles sont aussi malheureusement les plus nombreuses victimes de la faim, de la malnutrition et de la précarité.
L’encyclique Laudato Si nous le rappelle : « tout est lié », et « nous devons entendre le cri des pauvres et le cri de la terre ». Nous devons donc lutter pour la dignité des personnes et lutter pour la préservation de la création.
Lors de notre programme d’immersion nous avons été accueillis par la Caritas Thaïlande et le mouvement RTRC et leurs nombreux partenaires qui œuvrent avec les populations rurales, parmi elles différentes ethnies du Nord du pays. Les peuples indigènes vivent cela depuis toujours : Dieu est partout, dans la nature, dans les relations entre les personnes autant que dans la prière et dans la méditation. De ce fait, tout est sacré, et cela nous invite au plus grand respect pour la création et pour l’humanité.
Aussi nous réaffirmons l’urgence et l’importance de prendre soin des ressources naturelles, de promouvoir des activités économiques en milieu rural qui permettent aux populations de vivre dignement. Il s’agit ici de la souveraineté alimentaire des peuples : de leur droit à développer un système agricole et alimentaire local dans le respect de la diversité avec des moyens économiques suffisants et la possibilité de participer aux décisions qui les concernent.
La pandémie causée par le-Covid 19 a eu un grand impact non seulement sur la santé mais aussi au niveau psychologique et social dans les zones rurales. C’est pourquoi il faut des mesures sanitaires et des réponses cohérentes pour protéger les plus vulnérables, et maintenir des systèmes agricoles et alimentaires durables. Cette crise nous a montré que les systèmes agricoles et alimentaires locaux étaient résilients. Maintenant nous savons à quel point nos sociétés sont fragiles, quand elles se reposent uniquement sur une économie mondialisée pour nous nourrir et pour vivre. Or, nous devons nous préparer à d’autres crises mondiales comparables, du fait du changement climatique et de l’effondrement de la biodiversité. Nous réaffirmons que soutenir et développer l’agriculture familiale et l’agroécologie, qui sont par nature, locales et résilientes, sont et seront des solutions efficaces pour le bien commun. Au-delà des aspects techniques, l’agro écologie nous appelle à nous mobiliser collectivement pour proposer des alternatives à un système qui a clairement montré ses limites. C’est pourquoi la FIMARC poursuivra son engagement à promouvoir ce modèle d’agriculture, tant auprès de ses partenaires que des institutions nationales et internationales, au niveau civil et politique.
Nous sommes témoins de la digitalisation croissante de la vie quotidienne et des activités économiques dont l’agriculture. Le temps du Covid a particulièrement changé nos usages d’internet, qui a permis de poursuivre en virtuel les échanges entre les populations, les communautés…
Nous sommes conscients que les avancées technologiques ont pu améliorer la vie des gens. Mais toutes les technologies ne sont pas nécessaires ni utiles. Elles provoquent aussi parfois de nouveaux problèmes comme l’endettement, la dépendance… Et elles ne pourront jamais remplacer les savoirs et les talents des paysans.
A la FIMARC nous sommes avec les plus démunis, les personnes qui vivent dans les zones blanches, celles qui n’ont pas fait de grandes études, et qui sont parfois analphabètes. Nous luttons contre l’exclusion et pour la justice. Cela signifie aussi que nous battrons pour que les technologies digitales soient accessibles et utiles aux paysans et aux populations rurales dans le monde.
Par ailleurs nous voyons que l’enjeu de la biodiversité est plus que jamais crucial aujourd’hui. Nous continuerons à nous battre pour que les paysans puissent localement produire et échanger des semences paysannes. Nous continuerons à dénoncer la mainmise des multinationales sur le vivant que représentent les organismes génétiquement modifiés.
Du fait de nos besoins croissants en énergie, une partie de plus en plus importante des terres agricoles du monde est dédiée aujourd’hui à la production de méthane et d’électricité. Si ces alternatives aux énergies fossiles peuvent être intéressantes d’un point de vue climatique, nous nous inquiétons de cette concurrence avec la production alimentaire.
L’enjeu de la terre et de l’alimentation nous concerne toutes et tous, producteurs et consommateurs. C’est un enjeu de bien commun qui nécessite donc une implication du pouvoir politique pour une nécessaire régulation des marchés et de la finance.
La terre n’est pas une marchandise. Elle a été jusqu’ici trop exploitée et arrive à la fin de sa vie si nous n’y prenons pas garde. Nous, membres de la FIMARC appelons fortement tous nos membres, les pouvoirs politiques et économiques à prendre conscience de cette réalité, et à stopper cette exploitation à outrance. Nous appelons l’Eglise à poursuivre son œuvre dans la ligne de Laudato Si, et à la mettre en pratique.
Ensemble, avec des compagnes et compagnons de lutte, nous voulons agir pour atteindre la transformation que nous visons. Il est temps de prendre soin de la terre pour nous et pour les générations futures. La vie est belle et bonne, la terre est généreuse… Au boulot, dans la joie, l’espérance pour plus de justice. La sobriété et la solidarité sont les clés de notre futur.
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