Abstention, vote blanc, méfiance à l’égard des élus, la démocratie représentative est en crise, du moins c’est ce que disent certaines enquêtes (Noir Jaune Blues, RTBF-Le Soir) et répercutent les médias, presses écrite et audiovisuelle. Comment réconcilier les citoyens avec la chose publique ? C’est le défi de la démocratie participative. Mais pourquoi « participative » ? La démocratie n’est-elle pas le « gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple » (Abraham Lincoln) ? Quelle que soit la dénomination qui lui est attribuée – participation des habitants ou des usagers, démocratie participative, démocratie délibérative, etc., l’idée de l’intervention directe des citoyens dans le champ de la décision politique s’impose de plus en plus.
En Wallonie, face à ces constats, le collectif CAP Démocratie a identifié le modèle de dialogue citoyen permanent en communauté germanophone comme un outil qu’il serait opportun d’étendre à notre région wallonne. L’ACRF-Femmes en milieu rural s’implique dans cette initiative. Il y a des chances pour que le Parlement wallon ose un tel dispositif en 2023, c’est pourquoi il semble important de découvrir d’où vient le concept de la participation citoyenne, ce qu’elle est, ce qu’elle peut être ou pas. Il s’agit de se donner les moyens de revivifier notre démocratie, n’oublions pas que 2024 sera une année d’élection et que la démocratie doit être défendue tous les jours.
Tout d’abord, qu’est-ce que la démocratie participative autre nom de la participation citoyenne ? Ce vocable a-t-il du sens ? Peut-on envisager une démocratie qui ne serait pas participative, une démocratie sans citoyens ? S’il s’agit d’une forme de gouvernement inédite, en quoi se distingue-t-elle de la « démocratie représentative » ? Les interrogations légitimes que soulève cette locution sont à la hauteur de la perplexité qu’elle a suscitée lorsqu’elle est apparue dans nos contrées.
Qu’est-ce que c’est ?
La démocratie participative désigne les procédures qui visent à renforcer la participation des citoyens aux processus de décisions publiques dans l’intervalle électorale. Depuis une vingtaine d’années, les dispositifs participatifs se multiplient, surtout au niveau local. Mais la démocratie participative a une place assez paradoxale : d’un côté, c’est devenu une thématique très à la mode, au sein des pouvoirs locaux, et même au niveau de l’Etat et de l’Europe. On observe donc une institutionnalisation très forte de la démocratie participative. Mais d’un autre côté, ces dispositifs restent encore largement tenus à l’écart des vrais processus décisionnels. Souvent, ils ont assez peu de portée et d’effets sur les politiques publiques. En somme, on pourrait dire que ces dispositifs sont plutôt des « forums participatifs », qui se sont développés en parallèle des arènes décisionnelles où se conçoivent et se décident les politiques publiques.